Morsure dans le décor

Publication  2022
Nous avons décidé de travailler sur la trace laissée par l’homme dans ce qu’il estime être son décor. Si on remonte dans le temps, la volonté de l’homme à laisser sa trace est toujours présente. En 2650 Avant JC, Gilgamesh, roi sumérien de la cité d’Uruk a fait marquer son nom sur chaque brique de son palais pour que, si le temps efface le bâtiment démesuré, il reste au moins une brique qui rappelle le roi de légende qu’il pensait être. L’être humain laisse sa trace où qu’il se déplace. Parfois ce ne sont que des traces de pas, insignifiantes, mais non sans conséquence, parfois ce sont des traces indélébiles. En avoir conscience permet d’alléger notre empreinte. Nous avons exploré quelques espaces à notre portée et nous vous en faisons restitution.

Morsure Ce travail fait suite à la lecture « La fin de l’homme rouge » de Svetlana Alexievitch :
« Tchernobyl 26 avril 1986 1h23 AM Les premiers hommes sont morts en quatorze jours, les autres en quelques années, comme les animaux. La désintégration de l’uranium met un milliard d’année, quatorze pour le thorium… Alors les arbres, les pierres, la terre, l’eau, l’air respiré et la poussière… Au-delà, la conscience ne saisit pas ! 26 avril 1986 1h23 AM Les premiers hommes sont morts en quatorze jours, les autres en quelques années, comme les animaux. La désintégration de l’uranium met un milliard d’année, quatorze pour le thorium… Alors les arbres, les pierres, la terre, l’eau, l’air respiré et la poussière… Au-delà, la conscience ne saisit pas ! »

… Nos traces sont des morsures plus ou moins profondes, plus ou moins douloureuses qui parfois ne cicatrisent pas. Nous avons recherché dans une nature supposée vierge, des empreintes de l’homme, et, utilisant des tissus rouges, nous avons souligné la trace des dents dans le décor. Nous avons porté, étiré, posé des kilos et des mètres de tissu rouge. Nous avons rencontré des randonneurs intrigués et avons senti que le discours « faisait trace » à son tour.

Empreinte

La trace de pas de l’homme est toujours accompagnée d’une intention de durer, de montrer ou marquer le chemin. Lorsqu’elle disparaît il y a souvent des signes qui persistent, des scories intentionnelles ou non. Nous avons sondé la profondeur des traces de pas.

Décor

Et lorsque l’homme abandonne son « terrier » quelle trace, le temps conserve t’il ? La nature reprend si peu ses droits que la résilience est incomplète et la cicatrice toujours douloureuse et inesthétique.

Occultation

En suspension, au milieu du chaos, l’homme continue de fermer les yeux. Rêve-t-il d’un espace vierge ? Analyse-t-il l’impact de ses actes ?
Cherche-t-il ses mots ? Où devient-il lui-même, à son tour, décor mordu dans le décor.

110 pages
format 18×20 cm
ISBN 978-2-490847-30-3